dimanche 23 décembre 2007

Revenir aux fondamentaux

Les subprimes en illustration.
Le marché des subprimes est essentiellement constitué de prêts à risques accordés à une clientèle peu solvable ou à l’historique de crédit difficile. Ce marché s’est largement développé aux États-Unis à partir de 2001. Il est clair que concernant ces crédits immobiliers américains, les fondamentaux en matière d'endettement n'ont pas été respectés. Ces crédits ont été accordés non sur une capacité avérée de remboursement des emprunteurs mais sur une réévaluation potentielle des actifs sous-jacents et ce, avec des crédits aménagés pour que les remboursements soient minimum les deux premières années puis généralement indexés sur des taux variables. L'impossibilité de revente avec plus-value au bout de deux ans (les prix de l'immobilier ont commencé à chuter dans plusieurs régions des États-Unis à partir de 2006), et l'incapacité de faire face aux remboursements (la Réserve Fédérale a progressivement relevé son taux directeur de 1% à 5,25% entre 2004 et 2006) ont fait de ces actifs des subprimes (« actifs pourris »).
Premier fondamental non respecté : la capacité de remboursement de l'emprunteur qui doit être évaluée dans la durée. A ce stade, il faut souligner que la pratique des banques françaises n'est évidemment pas celle là.

L'attrait du rendement potentiel de ces crédits qui bénéficiaient d’une prime de risque, a permis leur revente dans la communauté financière mondiale à la recherche de toujours plus de rendement et de rentabilité pour l'épargne de ses clients. Les subprimes ayant été massivement vendus sur les marchés sous une forme titrisée (les créances sont regroupées dans des véhicules de financement ad hoc et transformées en titres négociables souscrits par des investisseurs) c’est, une fois la crise déclenchée, toutes les formes de véhicules de titrisation de crédit qui sont devenues suspectes, aux yeux des investisseurs de peur qu'ils ne portent des créances à risque en général et des subprimes en particulier. Les ventes, reventes et l’ingénierie financière ont fait oublier les origines.
Deuxième fondamental non respecté : pour maîtriser le risque il vaut mieux en connaître les origines en toute transparence. La recherche de performance par les mécanismes complexes des marchés financiers dans une logique purement spéculative touche ici très directement ses limites.

Les marchés boursiers sont-ils encore attrayants pour les entreprises qui développent des politiques et stratégies dans la durée? Devant les fluctuations importantes des marchés boursiers, qui peuvent être indépendantes des valeurs des entreprises cotées et de leurs dividendes potentiels, et devant les stratégies de plus en plus spéculatives et courtermistes des investisseurs nous pouvons en douter. Comment encourager le particulier à aller investir sur des "gazelles" (cf. Jean-Paul Betbèze) qui créent de la valeur et des emplois dans nos régions, s'il doit rester collé dans un marche étroit et être à la merci d'une crise indépendante des fondamentaux de l'entreprise concernée.
Un investissement boursier doit s'inscrire dans la durée (3 à 5 ans minimum). Tout horizon d’investissement plus court accroît fortement le risque pris. Encore un fondamental que l'on oublie.

Par ailleurs, tout investissement en bourse doit s'inscrire dans une véritable stratégie patrimoniale (équilibre dans la diversité des investissements) avec des objectifs de gestion clairement définis (spéculation ou rendement dans la durée). Avoir une stratégie pour son patrimoine, un autre fondamental à respecter.

C’est dans le respect de ces fondamentaux que je perçois l’utilité des marchés boursiers : une rencontre optimale d’entreprises qui ont des besoins de financement et d’acteurs qui détiennent des capacités de financement.

Aujourd’hui avec l'accès en temps réel aux marchés, avec l'information en direct, avec l'abaissement considérable du prix des ordres de bourses, la tentation est pourtant grande pour le particulier d'avoir une attitude un tantinet spéculative.

Une question a été posée par Georges Pauget dans la tribune du 19 novembre : "les nouvelles normes comptables sont elles un facteur d'accélération de la crise financière?" Nous y découvrons les limites du "mark to market", où la valeur de marché ne tient compte ni de l'échelle de temps, ni de l'économie, ni de celle des acteurs. Ajouté aux phénomènes de bulles spéculatives (qui sont par ailleurs rationnelles), le « mark to market » peut être à l’origine de la déconnection entre le cours de bourse et la valorisation réelle de l’entreprise au regard de ses objectifs de gestion.

Et cette question préalablement posée : sans doute faut-il explorer tous les supports qui permettent des apports de fonds propres s’inscrivant dans la durée et non soumis aux variations excessives des marchés boursiers ? Nous avons les fonds d'investissements de proximité pour ceux qui aiment les entreprises régionales. Et les parts sociales pour ceux qui aiment les coopératives.

lundi 17 décembre 2007

Pourquoi "Vivre et agir en Aquitaine"?

Derrière ce titre, il y a deux véritables convictions :
- le fait régional,
- la proximité est une valeur moderne.
Pour chacune, je souhaite partager avec vous quelques commentaires d'actualité:


1) Le fait régional.
Au moment ou tout le monde parle de mondialisation, où la construction européenne semble s'affirmer enfin, où l'Etat providence centralisé montre ses limites, le fait régional réapparaît comme une véritable opportunité. Europe des nations ? Ou Europe des régions? En fait deux questions complémentaires et une véritable réponse aux problématiques de développement économique.
Identité de la région. Forces et faiblesses. Dans ce billet, il n’est pas question d'être exhaustif. Je ne peux cependant éviter d’évoquer l’une des vraies forces pour l'Aquitaine:" le vin et l'agroalimentaire".
Un pôle de compétitivité existe pour l'agroalimentaire en liaison avec la pharmacie, mais il n'en existe pas pour le vin. Cherchons l'erreur ! Voilà un thème de mobilisation régionale.


2) La proximité est une valeur moderne.
Le plus compliqué est de définir ce qu'est la proximité car la proximité est multiple !
Avec internet ou le téléphone nous pouvons être très proches tout en étant très loin. Qui ne connaît pas une famille ou les petits enfants échangent avec leurs grands parents des photos par internet ?
Pourtant cette proximité que l'on peut qualifier de " psychologique" n'est véritablement proximité que lorsqu’elle se concrétise à un moment ou à un autre par une rencontre réelle qui vient renforcer les liens virtuels éventuellement tissés.
Cette vision de la proximité s'applique à mon sens aux systèmes de management des entreprises (cf. la théorie du management à distance), et bien sûr tout particulièrement aux entreprises régionales capables de développer cette véritable proximité. Bien implantées dans leur région, avec leur rayonnement, la force de leurs équipes, la rapidité de décision qui les caractérise et surtout, la proximité de leurs clients, elles constituent de véritables pôles de développement à la conquête de nouveaux territoires.
Ne nous y trompons pas : elles constituent les gazelles françaises (cf. la théorie de Jean-Paul Betbeze). Veillons sur ces gazelles, et tout particulièrement sur celles aux structures coopératives car nos amis anglo-saxons, qui ne les connaissent pas, ont une fâcheuse tendance à les oublier dans leur lobby européen. Mais les banques coopératives veillent…

lundi 10 décembre 2007

Pourquoi un blog?


Et pourquoi pas?
"L'intercommunicalite" et le temps réel permis par la "webosphere"sont sans aucun doute deux faits majeurs de ce 21eme siecle. Chacun a le pouvoir d'être en contact avec le monde, chacun a le pouvoir d'exprimer ses idees sur tout et en même temps, de prendre connaissance de ce qui l'intérèsse.... La progression de chacun est permanente pour qui veut s'en donner la peine.


Au moment ou le Crédit Agricole d'Aquitaine lance son nouveau projet d'entreprise appelé "Destination Clients", il m'a semblé pertinent d'ouvrir un blog pour m'exprimer sur tous les sujets qui peuvent influer sur l'évolution et le devenir du Crédit Agricole d'Aquitaine... Sujets qui pourront vraissemblablement intéresser aussi tout type d'entreprise et d'organisation. Pourront bien évidemment être également évoqués des sujets de banque.


Toutefois, l'objet de ce blog n'est pas d'être un blog de conseils bancaires et surtout pas un endroit pour traiter de situations personnelles. Toute contribution n'entrant pas dans l'esprit de ce blog ne serait bien évidemment pas acceptée... Vos commentaires et réactions y sont en revanche bienvenus et doivent nous permettre d'alimenter et de faire évoluer le débat.


A bientôt

En quête de sens


Chacun essaye de donner un sens à sa vie... On y trouve généralement davantage de bonheur ainsi. Dans le cadre professionnel c’est la même chose. Chacun tente de trouver du sens à ses actions et un chef d’entreprise responsable doit y aider chacun de ses salariés. C’est pour cela qu’il doit mettre en perspective et communiquer sur sa politique ou sur le projet qu'il construit.


Et tout n’est pas ici qu’argent. Contrairement à ce qui est parfois perçu, le profit ou les rémunérations ne sont que des éléments de ce sens...Cela est particulièrement vrai dans une banque coopérative où l’on ne peut y travailler sans être insensible à l’esprit mutualiste.


En ce qui concerne la vie d’une entreprise, que recouvre ce mot « sens »? Je vais essayer d’y répondre en mettant en évidence 4 éléments essentiels à l’élaboration d’une vision à 10 ans d’une organisation:
1. Les ambitions. Quelles seront les "aspérités" de la stratégie développée. Pour moi, la satisfaction du client est l'une de ces aspérités essentielles.
2. Les métiers. Ceux qui seront exercés dans le cadre de l'activité de l'entreprise car derrière les métiers, il y a de l’implication, de l’engagement et, je l’espère, du plaisir.
3. Les valeurs. Elles nous guident dans l'action. En ce qui nous concerne, la transparence et la transversalité peuvent par exemple être citées.
4. Enfin, les défis qui sont recherchés. Ce sont les objectifs qui sont en général des éléments quantifies. La rentabilité, les parts de marché, la satisfaction des clients, des salariés sont de ceux là.


Ces points, lorsqu'ils sont partagés par l'ensemble des acteurs de l'entreprise, constituent la base de ce qui permet un pilotage et un management par le sens....Un système de management où la responsabilisation des femmes et des hommes est fondamentale. Finalement, c’est l'ensemble des ces éléments qui constitue ce que l'on peut appeler un projet d'entreprise.